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13/01/2014

MAISTRE, GUENON, EVOLA : D’UNE VISION MÉTAPOLITIQUE A L’ENGAGEMENT INITIATIQUE (autour de David Bisson et Jean-Marc Vivenza)

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Une seconde série d’enregistrements autour de David Bisson et Jean-Marc Vivenza, mise en ligne sur Baglis-tv, détaille, et nuance parfois,  l’articulation entre providentialisme maistrien, critique guénonienne de la Modernité et perspective évolienne de combat.

Un axiome distingue leur convergence, en même temps qu’il qualifie la perspective traditionnelle : la métahistoire s’origine dans un temps de perfection métaphysique, l’Histoire n’en déroulant qu’une dégradation continue, dont la Modernité en est l’absolu paradigme.

Reste alors, chez nos auteurs, ce qui singularise leur appréciation de cette métahistoire : cyclique, et référée à la doctrine hindoue des manvantara chez René Guénon, elle se déploie, avec le providentialisme maistrien, dans l’économie de la chute, des desseins de la Divine Providence et de la Réparation. Là, s’opère notre rapport, et notre conformité au plan céleste. Pour Guénon, la connaissance opératoire et la réalisation du Soi par l’initiation (clé transhistorique et providentielle), dans une action de présence au monde, a valeur d’une réalisation spirituelle dans sa complétude – l’infra-politique, selon l’heureuse désignation de David Bisson –

Nos deux commentateurs, d’ailleurs, relèvent la radicalité métaphysique de cette posture, déniant toute possibilité de redressement à la sphère limitée de la confrontation.

Les nuances sont ici posées. Julius Evola, inspiré du vitalisme nietzschéen et du discours proclamatoire du futurisme italien, indique la possibilité d’une telle posture qui diffère de l’attitude guénonienne :

« Il y a pire que le cycle : c’est le néant. La fréquentation du néant est une angoisse terrible chez Guénon, qui considère la possibilité, comme la jonction de l’être et du non-être, alors qu’il y a une séduction du vide, par le biais de la métaphysique bouddhique, chez Evola : si néant il y a, il sera peut-être préférable à la décadence (…). Ce en quoi on peut parler de nihilisme actif, politique, en acte, qui travaille dans l’Histoire, qui agit pour effondrer les ruines, parce qu’il vaut mieux que tout disparaisse, plutôt que de vivre cette situation catastrophique,  alors que Guénon, en prêtre, en brahmane, dit : en ces ruines, préservons les flambeaux de la connaissance pour que demain, la jonction se fasse avec les générations qui vont venir. » (J.-M. Vivenza)


 

La pensée maistrienne est transversale à ce choix, en ce qu’elle s’inscrit dans le corpus illuministe de la doctrine de la « réintégration des êtres dans leur première propriété, vertu et puissance spirituelle divine » : la nature immatérielle et « conformée aux anges » de l’Adam primordial, son émanation en vue d’une réconciliation de l’ensemble des êtres séparés, entée sur la sainte Ecriture, situe l’initiation dans la vocation d’un culte primitif étranger à la conception d’un éternel recommencement. Mais Guénon, comme Maistre, placent le rite et l’initiation au cœur de l’engagement, conscients, notamment, du danger qui consisterait à abandonner la perspective visionnaire à ses propres forces, et aux limites de son individualité :

« Guénon a décrit précisément les critères de l’initiation, et appelle à ce processus pour y témoigner au cœur même de la société, témoignage qui est en lui-même un mode de résistance intérieur à l’environnement. La métapolitique est reliée à l’individu, qui doit constituer sa royauté intérieure, pour vivre dans la modernité. » (D. Bisson)

 

 

 

A lire  :

David Bisson, René Guénon, une politique de l’esprit, Éditions Pierre Guillaume de Roux (2013)

Jean-Marc Vivenza, René Guénon et la tradition primordiale, Éditions du Simorgh (2012), seconde édition à La Pierre Philosophale (2017)